Savez-vous que la plupart des végétaux s’impriment sur du tissu ? Les japonais utilisent cet art depuis des siècles nommé le tataki-zomé pour imprimer textiles et papiers. Il suffit de marteler une plante sur un support pour libérer les sucs de la plante et ainsi créer des impressions uniques. Avant de vous lancer, je vous offre quelques informations essentielles pour réussir au mieux vos chefs-d’œuvre.
Les seuls tissus qui accueillent les végétaux sont les tissus naturels : coton, soie, etc. On oublie donc toute texture issue de fibres synthétiques.
Il est préférable de mordancer le tissu avant ou après l’impression. Le mordançage est le procédé qui va permettre de fixer les couleurs de vos plantes dans le tissu et ainsi éviter que le soleil ne les délave. Personnellement, je procède à cette préparation avant de démarrer. J’utilise un seau à usage alimentaire (dans mon cas, un ancien seau de peinture). Il suffit de voir si le logo couteau fourchette est présent sous le seau ; l’intérêt étant d’avoir un contenant solide. Je le place à l’extérieur de la maison, sous ma terrasse. Pour 100 grammes de tissu, je place 5 grammes d’alun de potassium (disponible en droguerie) au fond de mon seau puis dispose les tissus à mordancer par-dessus. Je fais bouillir de l’eau à l’aide de ma bouilloire puis la verse dans le seau jusqu’à couvrir tout le tissu. Attention, l’alun de potassium ne doit pas être inhalé, d’où l’importance de réaliser cette partie en extérieur. Je place toujours une serviette de cuisine sur mon nez à ce moment et évite de respirer. Puis je couvre avec la serviette de cuisine et patiente jusqu’à ce que le tout ait refroidi. Ensuite, à l’aide de gants, je récupère les sacs, les place dans mon essoreuse puis les accroche au fil à linge pour les laisser sécher avant de les repasser. Ils sont alors prêts à être utilisés.
Si vous ne souhaitez pas acheter d’alun de potassium, il est possible d’utiliser un mélange de vinaigre d’alcool et d’eau bouillante par part égale et de procéder de la même façon. Vous pouvez aussi réaliser cette étape après avoir imprimé votre tissu.
Afin de bien imprimer vos végétaux sur le tissu, placez-vous sur un support solide, une table épaisse ou directement au sol avec un carton rigide sous votre future création. Placez le tissu bien à plat puis déposez dessus des végétaux fraîchement cueillis. Plus ils sont frais, mieux ils s’imprimeront. La météo joue également un rôle. Il est plus compliqué d’imprimer des végétaux en période de sécheresse ainsi qu’après de grosses pluies. Déposez bien à plat les végétaux récoltés : feuilles, fleurs en évitant les végétaux déjà secs comme les graminées ayant perdu leur chlorophylle. Recouvrez vos végétaux d’un film plastique transparent, une pochette range-documents par exemple ou l’étui d’un emballage. Pour marteler, utilisez un marteau en veillant à taper bien à plat pour éviter de casser le tissu avec les bords de la tête du marteau. Si cela fait beaucoup de bruit et que vous trouvez la technique un peu trop violente à votre goût, vous pouvez remplacer le marteau par un pilon que vous écraserez délicatement sur chaque plante jusqu’à voir le jus sortir.
S’il reste des végétaux écrasés sur votre tissu, vous les retirez facilement avec un vieux bâtonnet de glace en bois. Si vous avez mordancé le tissu avant l’impression, vous pourrez le laver à la main sans voir les couleurs sans aller. Et si vous avez réalisé un sac, il se transformera en sacs à vrac, à trésor ou à récolte de plantes sauvages.
Il est simple de créer de jolies peintures avec des ingrédients complètement naturels. L’oignon, la betterave, le chou rouge ou encore de nombreuses plantes telles que le millepertuis, le pissenlit, le séneçon ou le géranium herbe à Robert, grâce à leurs pigments, permettent de réaliser une belle palette de nuances allant du jaune au violet.
Voici quelques précisions concernant certains des ingrédients :
Placez l'ingrédient de votre choix dans une casserole avec 500 ml d'eau. Couvrez puis portez à ébullition. Baissez le feu sur chaleur moyenne puis laissez chauffer environ 15 à 20mn à couvert. Le but de cette étape est de réduire le liquide au maximum tout en surveillant la peinture qui pourrait brûler si toute l’eau s’est évaporée. C'est prêt! Les peintures se conservent facilement un mois au réfrigérateur dans un bocal hermétique.
Ces peintures étant très liquides, elles requièrent un papier résistant. J’utilise du papier à aquarelle de 300g/m2.
Si vous souhaitez peindre une mangeoire à oiseaux, un hôtel à insectes ou une décoration de jardin, vos peintures deviendront résistantes et toujours aussi naturelles en y ajoutant un peu de jaune d’œuf. Il suffira de filtrer votre jaune dans une passoire au préalable afin de retirer la délicate pellicule qui le protège puis de bien mélanger avec la peinture végétale de votre choix. On appelle cela un tempura et cette préparation est très résistante aux conditions météorologiques.
Vous pouvez décliner les couleurs de chacune de vos peintures végétales en ajoutant soit du vinaigre, soit du bicarbonate pour foncer ou éclaircir vos pigments. Vous pourrez ainsi obtenir des couleurs exceptionnelles telles que du vert ou du bleu turquoise. Une belle découverte à tester avec des enfants ou pour réveiller l’enfant qui sommeille en vous !